FONDU AU NOIR : LE FILM A L’HEURE DE SA REPRODUCTION NUMÉRISÉE

par Guillaume Basquin

L’auteur, « spectateur émancipé » et lecteur assidu de textes théoriques et poétiques sur l’art et le 7ème en particulier, a été frappé par la perte soudaine de la plasticité essentielle du médium cinématographique suite à la numérisation de son système de projection des figures en mouvement.

Il s’est aperçu que les fameuses Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard, comme La Divine Comédie de Dante sept siècles auparavant, contenaient tout le savoir du temps présent, en particulier celui nécessaire pour penser ontologiquement et métaphysiquement la mutation, semble-t-il irréversible, des « spectacles d’ombres » en mouvement aux « images mouvantes », calculées en pixels.

Il s’est replongé dans un entretien donné aux Cahiers du cinéma par l’écrivain et théoricien de la crise des avant-gardes littéraires Philippe Sollers lors de l’achèvement du grand œuvre godardien. Selon les paroles mêmes de l’écrivain, Paradis était proposé en équivalent littéraires des Histoire(s).

Alors a germé l’idée de faire dialoguer, littéralement et dans tous les sens, ces deux sommets de l’art du « montage ». Enfin, l’auteur a essayé de « sauver », au sens benjaminien du terme, tels de vieux chiffons, tout ce qui va disparaître avec la perte d’aura définitive de toute œuvre cinématographique.

C’est son premier livre, écrit dans l’urgence du témoignage.

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Revue de presse :

Car c’est une sorte de roman expérimental que propose Fondu au noir : l’histoire d’un homme devenu le témoin d’une catastrophe à laquelle il semble seul à prêter attention, assistant à un phénomène massif de déréalisation clandestine qui substitue au réel sa terne et monnayable contrefaçon, attaché cependant à sauver, au moins pour lui-même, la possibilité de cette expérience à laquelle il doit être celui qu’il est, un spectateur levant les yeux vers les films (selon l’expressionde Godard) afin de plier religieusement les genoux devant la vérité qu’ils révèlent.
Philippe Forest, « Guillaume Basquin honore le négatif », Art Press, n° 399, avril  2013.

 

Son livre, véritable texte-collage réflexif (que l’on pourrait lire comme une autobiographie en cinéma, lecture possible également des Histoire(s) du cinéma de Godard), débute sous la forme d’un pamphlet aride et cherche à saisir à travers des pensées, des citations, des digressions, ce qui dans le cinéma intéresse basquine : la respiration entre les images du cinéma (reprenant la piste ouverte par Serge Daney) face à l’asphyxie sans bruissement due aux outils numériques.
Sébastien Ronceray, « Faire du cinéma… », Bref, n° 107, mai 2013.

 

L’originalité de son livre est de prendre la parole de sa place de spectateur : ni celle du réalisateur (qui peut vouloir adopter le numérique pour des tas de raisons), ni celle du distributeur (dont l’économie est considérable quand il abandonne les bobines), ni celle de l’exploitant (qui réduit encore la part de travail du projectionniste), ni celle du conservateur (qui rencontre des problèmes de stabilité du support, d’obsolescence des machines, etc.). Le spectateur, celui qui, assis dans la salle, regarde un film et en tire des sensations . Le 10 octobre 2014, écrit Basquin, j’ai été trompé par un programme de la Cinémathèque : Ma nuit chez Maud  de Rohmer annoncé en 35 mm sur le programme et… montré en DCP avec le soi-disant meilleur mate´riel du monde… Eh bien, non, non et non ! ça n’est plus du tout un film !… (…) : le film est plastiquement détruit (il y a comme un voile numérique sur l’image, aucune profondeur, mouvements faux). Comment parler de films à partir de reproductions en fac-similés?» Ce point de vue de spectateur peut paraître « naïf », c’est pourtant cette ingénuité qui permet de pointer les différences entre les types de supports et de projecteurs perceptibles dans ce qu’on en reçoit : or n’est-ce pas là l’essentiel s’agissant d’une relation de type esthétique ?
Spielberg déplore la disparition d’une « vibration », Tarantino déplore une « vitre », Basquin un « voile ». Autant d’effets de l’absence des halogénures d’argent dont la disposition aléatoire dans l’émulsion de la pellicule créait, dans le déroulement photogrammatique de la projection, cette vibration, ce tremblement qui sont aussi ceux de l’air que l’on respire. Une analogie physique, une isomorphie matérielle, peut-être de hasard (aucun lien de causalité entre les deux ni d’appartenance réciproque à une entité sinon… le monde), mais qui instituaient une modalité de perception et un ensemble de sensations, de sentiments, d’émotions.
François Albera1895, n° 74, hiver 2014.

 

FONDU AU NOIR : LE FILM A L’HEURE DE SA REPRODUCTION NUMÉRISÉE

par Guillaume Basquin

L’auteur, « spectateur émancipé » et lecteur assidu de textes théoriques et poétiques sur l’art et le 7e en particulier, a été frappé par la perte soudaine de la plasticité essentielle du médium cinématographique suite à la numérisation de son système de projection des figures en mouvement.

Il s’est aperçu que les fameuses Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard, comme La Divine Comédie de Dante sept siècles auparavant, contenaient tout le savoir du temps présent, en particulier celui nécessaire pour penser ontologiquement et métaphysiquement la mutation, semble-t-il irréversible, des « spectacles d’ombres » en mouvement aux « images mouvantes », calculées en pixels.

Il s’est replongé dans un entretien donné aux Cahiers du cinéma par l’écrivain et théoricien de la crise des avant-gardes littéraires Philippe Sollers lors de l’achèvement du grand œuvre godardien. Selon les paroles mêmes de l’écrivain, Paradis était proposé en équivalent littéraires des Histoire(s).

Alors a germé l’idée de faire dialoguer, littéralement et dans tous les sens, ces deux sommets de l’art du « montage ». Enfin, l’auteur a essayé de « sauver », au sens benjaminien du terme, tels de vieux chiffons, tout ce qui va disparaître avec la perte d’aura définitive de toute œuvre cinématographique.

C’est son premier livre, écrit dans l’urgence du témoignage.

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Revue de presse :

Car c’est une sorte de roman expérimental que propose Fondu au noir : l’histoire d’un homme devenu le témoin d’une catastrophe à laquelle il semble seul à prêter attention, assistant à un phénomène massif de déréalisation clandestine qui substitue au réel sa terne et monnayable contrefaçon, attaché cependant à sauver, au moins pour lui-même, la possibilité de cette expérience à laquelle il doit être celui qu’il est, un spectateur levant les yeux vers les films (selon l’expressionde Godard) afin de plier religieusement les genoux devant la vérité qu’ils révèlent.
Philippe Forest, « Guillaume Basquin honore le négatif », Art Press, n° 399, avril  2013.

 

Son livre, véritable texte-collage réflexif (que l’on pourrait lire comme une autobiographie en cinéma, lecture possible également des Histoire(s) du cinéma de Godard), débute sous la forme d’un pamphlet aride et cherche à saisir à travers des pensées, des citations, des digressions, ce qui dans le cinéma intéresse basquine : la respiration entre les images du cinéma (reprenant la piste ouverte par Serge Daney) face à l’asphyxie sans bruissement due aux outils numériques.
Sébastien Ronceray, « Faire du cinéma… », Bref, n° 107, mai 2013.

 

L’originalité de son livre est de prendre la parole de sa place de spectateur : ni celle du réalisateur (qui peut vouloir adopter le numérique pour des tas de raisons), ni celle du distributeur (dont l’économie est considérable quand il abandonne les bobines), ni celle de l’exploitant (qui réduit encore la part de travail du projectionniste), ni celle du conservateur (qui rencontre des problèmes de stabilité du support, d’obsolescence des machines, etc.). Le spectateur, celui qui, assis dans la salle, regarde un film et en tire des sensations . Le 10 octobre 2014, écrit Basquin, j’ai été trompé par un programme de la Cinémathèque : Ma nuit chez Maud  de Rohmer annoncé en 35 mm sur le programme et… montré en DCP avec le soi-disant meilleur mate´riel du monde… Eh bien, non, non et non ! ça n’est plus du tout un film !… (…) : le film est plastiquement détruit (il y a comme un voile numérique sur l’image, aucune profondeur, mouvements faux). Comment parler de films à partir de reproductions en fac-similés?» Ce point de vue de spectateur peut paraître « naïf », c’est pourtant cette ingénuité qui permet de pointer les différences entre les types de supports et de projecteurs perceptibles dans ce qu’on en reçoit : or n’est-ce pas là l’essentiel s’agissant d’une relation de type esthétique ?
Spielberg déplore la disparition d’une « vibration », Tarantino déplore une « vitre », Basquin un « voile ». Autant d’effets de l’absence des halogénures d’argent dont la disposition aléatoire dans l’émulsion de la pellicule créait, dans le déroulement photogrammatique de la projection, cette vibration, ce tremblement qui sont aussi ceux de l’air que l’on respire. Une analogie physique, une isomorphie matérielle, peut-être de hasard (aucun lien de causalité entre les deux ni d’appartenance réciproque à une entité sinon… le monde), mais qui instituaient une modalité de perception et un ensemble de sensations, de sentiments, d’émotions.
François Albera1895, n° 74, hiver 2014.

 

Dans son ouvrage Fondu au noirle film à l’heure de sa reproduction numérisée, Guillaume Basquin interroge la ‪mort effective de la pellicule (et du négatif), de la projection, et peut-être, plus largement du cinéma. L’écrivain Christophe Esnault nous propose un entretien avec l’auteur qui interroge dans son très beau livre publié aux éditions Paris Experimental le changement ontologique qui s’opère aujourd’hui dans la façon de projeter les images.
Christophe Esnault, Zone critique, mai 2016
http://zone-critique.com/2016/05/28/fondu-au-noir-de-guillaume-basquin/

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Spécifications de l'ouvrage :

 

 

Collection : Sine qua non
Date de parution : 2013
Nbr. de pages : 188
Nbr. d’illustrations : 48
Format : 14 x 18 cm
ISBN : 978-2-912539-45-8
Prix : 20 €

 

 

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