Cahier n° 17

NORMAN MCLAREN – LE SILENCE DE PROMÉTHÉE

par Raphaël Bassan

D’origine écossaise, Norman McLaren a travaillé, entre les années 1930 et 1980, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et, surtout, au Canada. C’est à la fois une figure atypique et charismatique du cinéma d’animation et du film expérimental. McLaren s’est essayé à toutes les formes de recherche sur l’image et le son durant cinquante ans (1933-1983). Il fut un des pionniers du film sans caméra dès 1933.

Ce texte, écrit il y a une vingtaine d’années et partiellement remis à jour, tente de percer le mystère qui a longtemps tenu McLaren éloigné des préoccupations des cinéastes et des théoriciens du cinéma expérimental alors qu’il était largement connu et reconnu par le public cultivé et par les amateurs d’animation.

Ce bref essai de Raphaël Bassan évoque le « cas McLaren » sous divers angles. Le fait que l’auteur de Pas de deux passait allègrement du film dessiné directement sur pellicule à la pixillation, de l’abstraction lyrique à la figuration ou au jeu géométrique des lignes, du pamphlet social à l’allégorie ou à l’illustration de chansons populaires a certainement dérouté cinéastes et historiens expérimentaux habitués à marquer territoires, tendances et pratiques. L’exemple, a contrario, de son aîné Oskar Fischinger qui a poursuivi, sa vie durant, en les affinant, ses recherches sur l' »esprit de la musique » à travers le film fut, lui, considéré comme une figure emblématique des avant-gardes cinématographiques.

Ce qui a peut-être le plus nui à Norman McLaren fut sa singularité. Singularité de ses débuts de cinéaste dans les années 1930, période qui voit la fin des avant-gardes historiques et s’ouvre sur le « règne » des cinéastes solitaires : Len Lye (récemment « canonisé »), Mary Ellen Bute et tant d’autres. Singularité de son aisance à travailler dans plusieurs pays et d’en épouser les us, habitudes et mythes. Désir, enfin, d’être proche de son plaisir et de celui des spectateurs sans souci de théorie et/ou de volonté de prosélytisme.

Mais les œuvres de McLaren sont là. Une nouvelle génération d’artistes venue au cinéma expérimental par la pratique (voir les ateliers-laboratoires indépendants qui fleurissent depuis près de dix ans en France) trouve – ou trouvera – dans les œuvres de McLaren de quoi enrichir sa pratique tout en se penchant sur une œuvre peut-être insuffisamment connue et appréciée sous la notoriété du nom de son auteur.

Raphaël Bassan

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Revue de presse :

 » Dans cette réédition d’un article publié en 1983, Raphaël Bassan restitue le parcours de McLaren dans l’histoire du cinéma expérimental. Dans un premier temps il resitue les liens que cet auteur protéiforme entretient (il ne s’agit que rarement d’influences, mais le plus souvent de croisements de pratiques) avec des tendances tels l’art abstrait et la peinture sur pellicule, sans être inféodé à aucune. Il décrit ensuite l’itinéraire biographique et le déploiement esthétique d’un expérimentateur inégalé. L’évocation des films confirme un parcours non linéaire qui zigzaguait entre abstraction, animations diverses, essais politiques, illustrations de chansons. Si le cinéma de McLaren ne gagne rien à être enrolé sous la bannière de l’expérimental, cette étude n’en constitue pas moins une excellente introduction à une des plus belles aventures du septième art. »

JK [Jacques Kermabon] Bref n° 64 (janvier-février 2005)

« Norman McLaren (1914-1987) est aujourd’hui considéré comme un cinéaste incontournable dans l’histoire du cinéma expérimental depuis 1933 (date de son premier film). Cet essai, publié initialement en mai 1983, dans La Revue du cinéma n° 383, est ici accompagné d’une préface et d’une filmographie. Raphaël Bassan y explicite les caractères novateurs des créations filmiques du cinéaste écossais. Et la préface permet à l’auteur de préciser aussi le contexte de diffusion et donc de réception de la publication initiale ainsi que de cette dernière à la lumière de nouveaux éléments constituant l’histoire du cinéma expérimental. »

N.D. [Nolwenn Denizot], Critique d’art n° 25 (printemps 2005)

 

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Spécifications de l'ouvrage :

 

 

Collection : Cahiers de Paris Expérimental
N° du cahier : 17
Date de parution : Octobre 2004
Nbr. de pages : 32
Nbr. d’illustrations : 10
Format : 22 x 17 cm
ISBN : 2-912539-23-4
Prix : 9 €

 

 

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