FIN DE TOURNAGE ?

par Maurice Lemaître

Fin de tournage est le titre d’un film réalisé par Maurice Lemaître entre 1985 et 1990.
Il est composé d’un ensemble de diapositives, principalement tirées de films de la Nouvelle Vague, filmées au banc-titre, sur lesquelles l’artiste est intervenu sous différentes formes : retouches, maculages, interventions graphiques et plastiques.
En parallèle, le son du film consiste en un entretien dans lequel l’artiste rend compte, d’une manière à la fois grave et humoristique, de son rapport au cinéma, à la critique et à la création.

Le livre que vous tenez entre les mains reprend et redistribue, sous forme imprimée, les éléments du film.
Dans cette œuvre, Maurice Lemaître, né en 1926, tout en posant la question d’une fin imminente du cinéma, entend passer le relais aux générations futures.

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DONE WITH FILMING?

by Maurice Lemaître

Done with Filming is the title of a film made by Maurice Lemaître between 1985 – 1990. It is composed of a collection of slides, primarily from New Wave films, on which the artist has intervened in multiple ways: with touch-ups, smudges, and graphic and visual interventions. Simultaneously, the soundtrack consists of a fake journalistic-style interview in which Lemaître, in his characteristic manner that is both serious and humorous, gives an account of his relationship with cinema, criticism, and creation.

The book imitates the format of the film, in a printed version. The text of the bilingual sound-track (English-French) winds its way throughout the approximately 200 images. The book showcases the visual power of Lemaître, with his détournements of images, who is undeniably one of the most talented of the Lettrist generation. In the interview, Maurice Lemaître, born 1926, poses the question of cinema’s imminent end, while also passing the torch to future generations.

 

Revue de presse :

(Dans) le bel album à l’italienne que publie Paris Expérimental … les diapos alternent des photogrammes de Welles et d’autres de Godard qui sont retouchés, peints, gravés, graffités, comme insolés. Quelquefois le rapport entre un mot écrit (« Méliès ») et l’image semble évident (un gros plan de Léaud dans La Chinoise qui dit que « Méliès était brechtien » ; une image du Mépris avec le producteur devant une baie vitrée, de dos, et le mot « si » écrit à côté tandis qu’à gauche deux femmes, la traductrice et le Brigitte Bardot et le mot « no ! ») ou presque redondant (« Misère » sur une image de Weekend d’accident de voitures et de cadavres). La plupart du temps cela reste mystérieux (« non », « je veux », « mais », « tarte aux pommes », « dieu », « illusion »), l’essentiel étant dans les effets plastiques de ces tirages violentés aux couleurs disparates, aux éclats disruptifs, et aux explosions multiples effaçant un visage, un corps comme lors d’une brûlure de la pellicule après que le projecteur s’est bloqué.

François Albera, 1895, n°84, printemps 2018

 

« Entre 1985 et 1990, Maurice Lemaître réalisait Fin de tournage, montage de photos (souvent de films de Godard et de Welles), « ciselées », suivant l’expression lettriste, par différents moyens manuels : taches de couleurs, inscriptions, rayures et décompositions de l’émulsion. L’ensemble, accompagné d’une conversation mélancolique avec Hélène Richol, est repris dans ce magnifique livre où les diapositives parasitées  sont entrelacées avec l’entretien. Avec ce travail « hypergraphique »,  Lemaître a l’espoir d’une « cathédrale de vision en liberté », une émancipation sauvage du regard par cette super-écriture recouvrant des classiques (« des merdes »). N’était la vieille haine contre Godard, on pense aux Histoire(s) du cinéma, les deux oeuvres donnant lieu à des versions papier, deux beaux « films papier », au sens d’Erik Bullot. »

Cyril Béghin,  Cahiers du cinéma 739, décembre 2017

 

« … la version papier, qui garde un format paysage légèrement supérieur au 1,37, est, esthétiquement parlant, plus intéressante que celle destinée à la projection, en raison du soin extrême apporté à la numérisation des photographies, de la qualité technique d’impression, du rendu des couleurs. Du fait aussi de la latitude laissée au spectateur dans son rapport à l’oeuvre – la participation étant un des thèmes récurrents du cinéma lemaîtrien -, liberté qu’a toujours le lecteur de se faire son propre film en parcourant à sa guise et à son rythme illustrations et texte. Voire de lire celui-ci entre les lignes. »

 Raphaël Bassan,  jeune cinéma, décembre 2017

 

[CHRONIQUE] par Guillaume Basquin

 

Maurice Lemaître, Fin de tournage, éditions Paris expérimental, été 2017, 104 pages/191 illustrations, 35 €, ISBN : 978-2-912539-51-9.

Voici un livre conceptuel. Mais un livre conceptuel qui serait aussi un délice pour l’œil. Souvent, les livres conceptuels manquent de sensualité pour la rétine ; rien de tel, ici. Mais regardez :

Mais pourquoi ce titre, Fin de tournage ? Entre 1985 et 1990, date à laquelle l’artiste termine ce film « suggéré », ou « inachevé », Maurice Lemaître non seulement envisage la fin du cinéma (déjà !), mais en plus considère la fin de sa propre œuvre cinématographique : « J’étais très déprimé… pas très bien… Et je pensais que ce serait mon dernier film. » Cet essai de film, initialement présenté sous le titre de Vies de M. B. (à partir de son vrai nom, Maurice Bismuth) et composé de diapositives principalement tirées de films de la Nouvelle Vague filmées au banc-titre, ne satisfait pas le ciné-artiste ; il décide alors de le reprendre totalement, en intervenant sur les diapositives sous différentes formes : « retouches, maculages, interventions graphiques et plastiques » ; puis il y ajoute, comme bande-son, un entretien humoristique (« — Est-ce que le son aura un rapport avec le film lui-même ? — Voyons Hélène… Vous me voyez faire un son synchronique ? ») et grave (« une invitation à une œuvre ouverte, qui serait alors cette véritable cathédrale de vision en liberté que je rêve encore de faire ») à la fois avec Hélène Richol. L’ambition du cinéaste est de faire une Œuvre Totale, pas à la manière un peu grandiloquente de Wagner, mais « dans laquelle toutes les dimensions pourraient s’exalter indépendamment les unes des autres », y compris ­— pari réussi! — dans ce  livre que vous tiendrez bientôt entre vos mains. Livre qui reprend de façon imprimé ses différents éléments (sa bande-son, et sa bande-image), mais disposés autrement : en variant la taille et la disposition des photogrammes sur le livre apparaît la possibilité de multiplier les images hypergraphiques. Expanded Cinema ! (Le cinéma sort de la salle.) « C’est l’œuvre en marche. » Lemaître précise : « Je suis engagé dans une œuvre écrite, imprimée, dessinée, peinte parfois, dans la poly-notation. » Comme ici :

Ou là :

Le rêve de Lemaître ? Inviter la salle et les spectateurs à participer au son du film. Que tout le monde participe ! « Soit sur la bande si l’on rajoute des bandes, soit dans la salle lors de la projection, ou même à part la projection du film… » « Tout le monde fait partie de Vies de M. B., le monde entier [en] fait partie. » Il ne vous reste plus, mon lecteur, qu’à surveiller la prochaine projection de Fin de tournage, maintenant que celle au Studio des Ursulines (haut lieu historique des expérimentations cinéphiliques extrêmes !), le mardi 21 novembre à 20h30, dans le cadre d’une « Scratch Projection », est déjà passée.

Guillaume Basquin, Libr-critique. La littérature dans toutes ses formes, 27 novembre 2017

article en ligne :
http://www.t-pas-net.com/libr-critique/chronique-maurice-lemaitre-fin-de-tournage-par-guillaume-basquin/

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Spécifications de l'ouvrage :

Collection : Livre d’artiste / Artist book
Date de parution : 2017
Nbr. de pages : 104 p.
Nbr. d’illustrations : 191 quadri
Format : 20 x 29 cm
ISBN : 978-2-912539-51-9
Prix : 35 €
Texte bilingue (français-anglais).
Text in English and French

Print run / Tirage : 500 ex.
of which 20 special editions with an original photo / dont 20 tirages de tête aver une photo originale
p. o. r.

 

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