LE TEMPS DÉROULÉ = TIME UNREELED : RUBANS PHOTOGRAPHIQUES (1978-2013)
par / by Christian Lebrat
Textes de / Texts by Philippe Dubois, Janus, Daphné Le Sergent, Christian Lebrat
Christian Lebrat utilise la photographie de manière non conventionnelle en impressionnant le film entier de pellicule argentique directement à la prise de vues. En débrayant les automatismes de l’appareil photographique, les « rubans photographiques » ainsi réalisés par chevauchement d’instantanés composent au final une seule image.
Renvoyant à la fois au panorama photographique et au rouleau cinématographique, ces longs rubans s’apparentent à des « labyrinthes temporels et spatiaux où s’enrubannent les apparences » (John Batho).
La monographie publiée suit le parcours du photographe, des images noir et blanc réalisées à partir de 1978 aux rubans en couleurs des dernières années, en passant par la série « Hitchcock » des années 2000.
« Une œuvre intensive et modulée, offrant, en noir et blanc ou en couleurs, ses longs rubans kaléidoscopiques qui déplient le monde en une vision rythmique à nulle autre pareille. »
« Intensive and modular, these long kaleidoscopic strips, in black and white or colour, unfold the world
in an utterly unique visual cadence. »
Philippe Dubois
« C’est une vision multiple de la réalité, comme dans un miroir qui reflète en même temps plusieurs images, mais en quelque sorte un miroir rationnel, logique et très pensé, un miroir architectonique. »
« This gives a multiple vision of reality, as in a mirror that reflects more than one image at a time, but a mirror which in its own way is rational, logical, the product of deep thought, an architectural mirror.«
Janus
« Les rubans photographiques opèrent une métamorphose du réel, font glisser progressivement le perceptif dans le cognitif. Au travers du passage du continu et du discontinu, les multiples vues ouvertes sur les espaces et objets basculent du point de vue extérieur de l’observation dans celui, intérieur, de la connaissance intime. »
« The rubans photographiques bring about a metamorphosis of the real, gradually transforming perception into cognition. Through the passing of continuity and discontinuity, the multiple views of spaces and objects provoke a shift from the observer’s external point of view to that of internal, intimate knowledge. »
Daphné Le Sergent
Revue de presse :
« La réalisation d’un ruban devient une sorte d’ « action-shooting » : le corps-voyant du photographe s’engage dans une traque du réel pour une durée de temps de plusieurs minutes, trois ou quatre heures au plus. Il s’agit pour lui d’éclairer à tout prix ce bandeau noir de manière inédite. Vous avez là, pour la première fois de l’histoire de la photographie, je crois, vingt ou trente images photographiques, en formant une seule, condensant une durée pouvant aller jusqu’à quatre heures de temps entre les images. »
Guillaume Basquin, « Les rubans photographiques de Christian Lebrat », ArtPress 2, janvier 2014
http://www.artpress.com/article/23/12/2013/iles-rubans-photographiques-ide-christian-lebrat/29312
« Si par essence, mouvement et photographie se disent incompatibles, par nature, le dit médium cumule les tentatives d’invalidation du préétabli. Les rubans photographiques de Christian Lebrat incarnent une réussite glorifiante de cette entreprise. La particularité de ces rouleaux consiste à superposer les impressions de prises de vue sur la pellicule sensible. Les images se répètent, s’imbriquent et fusionnent dans une déclinaison de points d’intensité convoitant la magie du kaléidoscope. Plus que le cinéma, mieux que la chronophotographie et rien moins fascinant que les premières lanternes magiques, le ruban photographique n’ambitionne pas la mimétique du mouvement. Il en est trajectoire, la quintessence même. Devenu ligne de fuite, il imbrique les ensembles divergents dans le tout exalté d’une réalité sensible. Le perçu et le vécu s’autoalimentent et s’intensifient dans un même élan vital. Egalement lien coexistentiel, le ruban incarne la fusion hétérogène des divers objets présents à une réalité commune. « La trame de l’œuvre, explique Daphné Le Sergent, se calque sur la charpente du monde, fragile dans ses armatures et instable dans ses connexions, toujours en devenir, offrant de multiples passages et traversées pour la projection d’un moi toujours en quête de le parcourir » (p. 11).
Cet ouvrage pense à la fois la nature du ruban photographique sur le plan de la ligne fondatrice et du tout perceptif, mais également sa légitimité par rapport au cinéma dont il semble figer l’absolu au creux de son propre médium. Il pense le noir et blanc comme la couleur, ainsi qu’une multitude de trajectoires visuelles qui interrogent notre positionnement face au monde. Il médite l’espace à parcourir, le temps à éprouver, l’horizontalité des panoramas contre la verticalité de la démarche. En « bandelettes momificatrices de la mobilité » (Philippe Dubois, p. 53), les rubans de Christian Lebrat offrent de figer le réel dans sa mouvance, de méditer le variable, de penser l’en devenir et par prolongement, de comprendre l’intrigue de la performance et autres arts fluctuants. »
Mathilde Castel, « Christian Lebrat : le temps déroulé = Time Unreeled : rubans photographiques (1978-2013) », Critique d’art [En ligne], mis en ligne le 15 novembre 2015. URL : http://critiquedart.revues.org/15285
Spécifications de l'ouvrage :
Collection : Livres d’artistes
Date de parution : 2013
Nbr. de pages : 172
Nbr. d’illustrations : 60
Format : 21 x 29 cm à l’italienne / oblong in quarto
Relié avec 3 dépliants et une jaquette / with three fold-outs. Paper over boards and an illustrated dust jacket
ISBN : 978-2-912539-47-2
Prix : 35 €